Quelle a été votre formation avant de rejoindre l’école ?
J’ai obtenu un Bac Scientifique, option Sciences de la Vie et de la Terre. Ensuite, j’ai suivi un BTSA Aménagements paysagers et une classe préparatoire aux études de paysage.
Pourquoi des études en paysage ?
Je pense que c’est une suitede rencontres et d’événements. Mon éducation m’a permis de forger un regard sur le vivant, la montagne et l’agriculture. Je voulais travailler dans la conception de ces mondes particuliers et intimes que sont les jardins. Au fur et à mesure de la formation, mon regard s’est tourné vers l’horizon de ces jardins. Un saut d’échelle m’a alors amené à une réflexion sur l’espace commun, le vivant dans tous ses états et sous toutes ses formes. En fait, je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre : il faut vivre ces études pour le comprendre, car c’est une expérience de paysage permanente.
Qu’est-ce qui vous a le plus marqué ?
Je pense que ce qui fait la force de l’enseignement, ce sont les différentes personnalités des enseignants, des intervenants et des étudiants, ainsi que tous les échanges que l’on peut avoir. Une grande liberté nous est accordée : on devient totalement acteur de la formation et on définit sa place au sein de la promotion. L’enseignement nous pousse vers une prise de position personnelle que l’on construit et que l’on affirme. On se construit autant humainement que professionnellement.
Pouvez-vous citer un projet qui vous a marqué ?
Le projet qui m’a le plus marqué est sans aucun doute mon projet de fin d’études. Pas simplement pour le fait que ce soit le projet qui est l’aboutissement de la formation et que l’on conduit de façon personnelle du début à la fin. C’est aussi en lien avec le contexte du confinement, qui a nécessité d’aller chercher des ressources insoupçonnées, de trouver de nouvelles manières de faire, pour le mener à bien. Je pense que les projets cette année dégageaient cette envie et ce besoin de changer de regard sur le monde pour y projeter quelques pistes d’équilibre qui nous font défaut aujourd’hui. Mon site d’étude se trouvait en Haute-Savoie, la vallée de l’Arve, qui présente de forts risques d’inondation du fait du changement climatique actuel. L’idée était de poser un regard différent sur ce site en essayant de sortir du cadre linéaire qu’impose la géomorphologie de vallée glaciaire. Mon projet offrait une nouvelle figure territoriale qui s’appuie sur les éléments forts de ce paysage pour faire avec l’instabilité propre aux territoires de montagne.
Et maintenant ?
Actuellement, je complète ma formation avec un Master 2 en Urbanisme et Projet Urbain à Grenoble. Cela me permet d’approfondir mes connaissances sur la ville et d’ouvrir des possibilités sur des thématiques et des sujets spécialisés.
Quelle a été votre formation avant de rejoindre l’école ?
J’ai très vite été attirée par les métiers de la conception. Dès le lycée, je me suis orientée vers un Bac STI Arts Appliqués au lycée des Arènes de Toulouse, puis j’ai suivi un BTS Design d’espaces, qui m’a initiée au monde de l’architecture et du paysage. Voulant concrétiser ce choix d’orientation, j’ai obtenu une licence en Architecture. Suite à une série de rencontres, l’envie de devenir paysagiste s’est affirmée.
Vous avez suivi le programme EMiLA. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Ce programme est une grande opportunité pour les étudiants, car il permet d’étudier dans deux pays différents dans leur culture et dans leur rapport au paysage, de développer un esprit critique et plus ouvert. Il donne une réelle liberté d’expression et de représentation et permet d’affirmer ses choix et sa vision en tant que paysagiste dans le contexte européen. J’ai d’abord choisi d’aller à Hanovre, en Allemagne, où les espaces publics sont ouverts et où l’approche du paysage est tournée vers les usagers, dans une démarche participative et intégrative. Mon deuxième choix de destination a été Edimbourg, en Ecosse, un territoire carte postale avec des paysages sans fin, au bout du monde, entre terre et mer. L’enseignement donné au Edinburgh College of Art est très riche, pluridisciplinaire et international : il n’y a pas de limites dans la conception. Le paysage s’inspire de toutes les cultures et disciplines qu’il côtoie. Cette expérience m’a permis de tester des matériaux et des outils tout en développant un projet de paysage convaincant, qui a été l’amorce de mon projet de fin d’études.
Quel projet vous a particulièrement marquée ?
Leben in wald (« Vivre dans la forêt ») qui a été réalisé en binôme avec un étudiant de ma promotion parti en échange à Hanovre au même moment, Thomas Vogel, à l’occasion d’un concours étudiant réunissant trois écoles allemandes. Il a été commandé par la ville de Wolfsburg pour concevoir et réaliser un projet temporaire sur Rabenberplatz, place publique située au cœur d’un quartier construit dans les années 1970. Cet exercice visait à l’élaboration d’un dossier complet de projet de paysage à petite échelle, intégrant les dimensions technique, budgétaire et participative. Notre parti pris a été de remettre le quartier au cœur de la forêt Rabenberwald, perçue comme une barrière, grâce à la création de structures en bois démontables faisant franchir aux habitants les murets et autres limites pour les guider jusqu’à la forêt. Nous avons aussi proposé d’organiser des récoltes collectives de plantes forestières afin de les planter en massifs sur la place, la construction d’abris pour oiseaux, insectes et chauves-souris, …
Et maintenant ?
Aujourd’hui, je travaille dans une agence de paysage, d’urbanisme et d’architecture à Lyon, BIGBANG Office. Je profite pleinement de l’expérience EMiLA qui m’a permis de développer ma capacité d’adaptation à une grande diversité de projets, par exemple de la maîtrise d’œuvre publique ou de la planification paysagère en urbanisme.
Pourquoi des études en paysage ?
Au vu de mon parcours, c’est, entre autres, la pluridisciplinarité qui m’a attirée dans le paysage. Cette discipline est à la croisée de nombreux domaines comme la littérature, l’art, les sciences, la sociologie, la politique,… Ce qui m’a aussi décidée, c’est le sentiment de devenir actrice sur le territoire et de pouvoir mettre des choses en œuvre pour tous, le vivant et le non-vivant. Maintenant, pendant les études, je découvre la pluralité des échelles de travail ainsi que la liberté de se créer ou de cultiver sa propre identité dans les projets.
Vous êtes apprentie ?
Oui, j’effectue mon apprentissage chez FOLIUS Ecopaysage, une agence en Seine Maritime (76). Pour moi, l’intérêt c’est de pouvoir confronter ma posture d’étudiant avec la réalité du monde du travail et de combiner ces deux expériences pour avoir un bagage solide pour l’avenir.
Pouvez-vous citer un exercice sur lequel vous avez travaillé et qui vous a marquée?
L’Atlas, en deuxième année, qui a été un travail passionnant. C’était la première fois que je travaillais à une si grande échelle (environ 40 km). Cet exercice a été très enrichissant par la diversité des approches que nous devions mettre en œuvre pour comprendre les enjeux d’un territoire : entretiens avec des acteurs locaux, dessin de la carte, rédaction de l’atlas, croquis d’ambiance, photographies et surtout une part très importante de terrain. Nous sommes allés six ou sept fois à Limoges de juin 2019 à janvier 2020 pour décortiquer ce paysage, identifier les entités qui le composent et rencontrer ceux qui le dessinent tous les jours.
Un projet professionnel à la sortie des études ?
Grâce à l’apprentissage, si tout se passe bien, je poursuivrai chez FOLIUS Ecopaysage, diplôme en poche !
Quelle a été votre formation avant de rejoindre l’école ?
J’ai passé un Bac STI2D (Sciences et Technologies Industrielles du Développement Durable), puis, par la suite, j’ai intégré une classe de BTSA Aménagements paysagers. Après mon BTS, je sentais que j’avais des lacunes notamment sur la dimension artistique des projets. Après une année de classe préparatoire aux études de paysage, j’ai réussi le concours d’entrée de l’école.
Pourquoi des études en paysage ?
Le paysage pour moi c’est l’occasion de mettre en avant son imaginaire, le confronter avec la réalité, mais c’est aussi l’opportunité d’en apprendre sur tous les domaines qui composent notre société.
Pourquoi avoir choisi le site de Marseille ?
Étant originaire de Toulon, avoir la possibilité d’étudier à Marseille a été une chance pour moi de pouvoir en apprendre davantage sur mon territoire. Les projets sont conduits de manière extrêmement concrète et pragmatique. Marseille, c’est aussi un effectif assez réduit d’une quinzaine d’étudiants, ce qui favorise l’échange et le partage et permet une grande proximité avec le corps enseignant.
Un exercice qui vous a marqué ?
Au cours de la première année qui est commune à tous les étudiants, l’atelier de projet n°3, Conduire le vivant, le droit à l’erreur, nous a fait passer de manière concrète par les différentes étapes d’un projet en s’appuyant sur les dynamiques du vivant présentes sur et autour d’un site et en composant à partir de l’existant. On analyse, on se concerte, on propose, on débat autour de propositions d’aménagements puis on conçoit, on réalise et on présente au maître d’ouvrage un projet avec des pistes d’évolution dans l’espace et le temps. Le tout a été organisé pendant trois semaines à Marseille et en toute convivialité.
Quel est votre projet professionnel ?
J’aimerais dans un premier temps travailler aux côtés de professionnels du métier pour acquérir un maximum de connaissances et d’autonomie. Puis pouvoir par la suite monter ma propre agence.
Quelle a été votre formation avant d’intégrer le cycle préparatoire ?
Après mon Bac S, j’ai fait une année de médecine, puis j’ai changé de voie pour faire un BTSA Aménagements Paysagers à Montreuil. L’année dernière j’étais en CPGE – ATS Métiers du Paysage, toujours à Montreuil, qui est en partenariat avec l’Université Paris 13, ce qui m’a permis d’avoir une Licence en Géographie et Aménagement.
L’année Arts, Paysage, Architecture (APA), pourquoi ?
Dès que j’ai su que l’école de paysage proposait une nouvelle formation, cela m’a tout de suite intriguée. Je me demandais comment allait se dérouler l’année avec trois écoles. Une idée géniale de mêler ces trois disciplines quand on a du mal à faire un choix d’orientation ou bien quand on s’intéresse à ces trois domaines. J’ai choisi l’APA premièrement car c’est une formation qui permet de devenir paysagiste, ce qui est mon souhait. Je me suis aussi dit qu’en APA j’allais vivre des expériences inattendues. J’ai choisi cette formation également pour son objectif d’échange. Je pense qu’il est important en tant que future paysagiste, architecte ou artiste de savoir travailler avec des personnes faisant un autre métier et ayant une vision différente sur une ville, un film ou une peinture par exemple. Être étudiante en APA, c’est faire partie de trois écoles, de Versailles à Cergy.
Qu’est-ce qui vous a le plus marquée dans l’enseignement depuis la rentrée ?
Notre dernier atelier Le festin m’intrigue : on va devoir organiser un festin à la fin de l’année et j’ai hâte ! Nous avons aussi travaillé, par groupe de cinq, à concevoir une salle avec des planches de 5 m × 12 cm en les assemblant.
Pouvez-vous décrire un projet sur lequel vous êtes en train de travailler ?
Nous avons commencé une nouvelle saison qui s’appelle Le Voyage. Avec le confinement, on voyage autrement : sur un rayon d’un kilomètre autour du bassin du Potager du Roi. Le projet de cette saison est de créer un court métrage avec la notion d’exogène et de périphérie à partir d’une lecture de paysage. Pour le moment, on crée des cartes sensibles à partir de ce que l’on voit lors de visites sur le terrain.
Avez-vous déjà fait un choix d’orientation pour la fin de l’année?
Oui ! J’aime l’art et l’architecture mais le métier de paysagiste m’intrigue et me donne envie.
21 sept.-17 nov. 2020
Travail de 1re année de la formation menant au Diplôme d’État de Paysagiste
La question du relief, de la topographie naturelle ou artificielle, est plus qu’un paramètre dans la genèse d’un paysage. Elle en est la condition. Sans relief, minuscule, imperceptible ou gigantesque, pas de paysage, pas de projet de paysage. Le relief est support et matière, le relief est le dessus et le dessous. Le relief est plastique : il se plie, se tord ou se détend en fonction des énergies qui le traversent. Energies naturelles ou artificielles parce que liées à l’homme. Le relief s’éprouve physiquement. Sans ces socles enracinés ou mobiles, pas de paysages. Tout est en mouvement. Capter ces mouvements pour les utiliser, les modifier ou les laisser filer est un des rôles majeurs des paysagistes. Ce premier atelier a pour objectif d’apprendre à représenter le relief et à le transformer en acquérant des outils d’écriture en 2D (ex. : les courbes de niveau) et en 3D (ex. : la maquette et l’impression 3D).
Encadrants : Alexis Faucheux, Alexis Feix, Bruno Tanant, Henri Wagner.
30 nov. 2020 – 26 janv. 2021
Travail de 1re année de la formation menant au Diplôme d’État de Paysagiste
L’atelier expérimente une démarche de projet de paysage induite par le regard des étudiants sur les qualités d’un lieu à travers le dessin, la photo, la maquette. Les intentions de projet sont testées en lien à ces qualités et développées en prenant la mesure du lieu en plans, coupes, croquis et maquettes. L’objectif est de comprendre que le regard paysagiste porté sur un lieu est orienté par la sensibilité et des choix. En cela, ce regard est porteur de projet.
Encadrants : Marie-Hélène Loze avec Élisabeth Ferron, Aurélien Ramos avec Janique Bourget, Sylvie Salles avec Emmanuelle Blanc.
1er semestre 2020
Travail de 2e année de la formation menant au Diplôme d’État de Paysagiste
Ces travaux dirigés sont complémentaires du module de cours magistraux Espaces ouverts urbains qui apporte des connaissances sur l'histoire du paysagisme urbain de la fin du 19e siècle à aujourd'hui (systèmes de parcs, cités-jardins, espaces libres de l'entre-deux guerres, paysagistes et grands ensembles, la ville-paysage des années 1980, etc.). Il s’agit d’explorer la question de la relation bâti – espaces extérieurs à différentes échelles (ville-quartier-détails) et de sa représentation. Le TD alimente la réflexion menée sur ces sujets en ateliers de projets au premier semestre de la 2e année menant au Diplôme d’État de Paysagiste (AT5 et AT6). Le rôle structurant du paysage est décliné à travers différents types de quartier : cités-jardins, grands ensembles et quartiers contemporains (ilots ouverts, éco-quartiers). Il est l’occasion d’aborder le rôle joué par le paysage dans la notion de patrimoine, notamment concernant les réalisations du 20e siècle et les quartiers d’habitat social. La présentation finale s’effectue sous forme de carnets chinois qui permettent à la fois de feuilleter un cahier A3 portrait et d’exposer le travail en dépliant le carnet.
L'étude de la Cité-jardins de la Butte-Rouge, à Chatenay-Malabry, 92 (architectes : Joseph Bassompierre, Paul de Rutté, Paul Sirvin et Pierre Sirvin - paysagiste : André Riousse) a été proposée aux étudiants. Cet ensemble unique de 3800 logements a été réalisé de 1930 à 1965 sur 70ha et fait l’objet de projets de transformation. Les différentes temporalités de construction y sont donc rassemblées sur un même site, facilitant un arpentage commun en cette période particulière. À sa création le projet associe la contribution d’un paysagiste, pour la première fois dans une opération de logement social, ici portée par l’office public d’HBM de la Seine. Les savoirs faire paysagistes mobilisés pour aménager ce site vallonné, en bordure de la forêt de Verrières, sont encore lisibles aujourd’hui, notamment dans les qualités particulières des dispositifs d’articulation entre les bâtiments et les espaces extérieurs. Les étudiants ont pu les observer, les relever et les interroger à partir d’une thématique choisie, telle que l’évolution des mobilités, le rapport à la forêt, l’insertion dans la topographie, l’importance des jardins familiaux, les systèmes de vues, … Grace à ce travail, mis en perspective par une comparaison avec une autre réalisation, ils ont pu interroger le projet actuel de densification du site, généré par l’arrivée prochaine du tramway, et une volonté de « mixité sociale » où la compréhension du paysage semble peu présente. Entre architecture et dimension environnementale, il s’agit de comprendre et expliciter ce que le projet de paysage original dessiné et mis en œuvre peut apporter aujourd’hui.
Les étudiants ont été répartis en 11 groupes de 3 à 4 personnes chacun. Ils ont abordés la Butte-Rouge par différents sites, thématiques et problématiques. Nous présentons les travaux de deux d’entre eux :
Responsable : Bernadette Blanchon, architecte dplg, maître de conférences. Avec : Hermeline Carpentier, paysagiste dplg, et Jean Chevalier, architecte DE et paysagiste.
21 sept. – 3 nov. 2021
Travail de 2e année de la formation menant au Diplôme d’État de Paysagiste
Dans le cadre de l’atelier 5, les étudiants de deuxième année travaillent sur une des typologies les plus emblématiques du projet de paysage : le parc en ville. Les travaux questionnent la place du parc au 21e siècle, traitant de notions variées comme l’écologie, le bien-être, la liberté, la beauté en s’inscrivant dans deux contextes distincts que sont le site des Mortemets à Versailles et le Clos Saint-Louis à Dammarie-les-Lys. À travers ce processus les étudiants développent une narration allant du diagnostic au projet spatial et présentent leurs visions pour le parc de demain. L’atelier 5 s’est tenu entièrement en anglais. Les étudiants se sont constitués en trois groupes, chacun des groupes abordant un site d’étude à travers des consignes et une approche propres aux encadrants.
Encadrants : Lauri Mikkola et Thomas Boyer, Lorenzo Majer et Ilana Cohen.
5-8 oct. 2020
Travail de 3e année de la formation menant au Diplôme d’État de Paysagiste
Pour ouvrir le programme artistique de 3e année, le workshop Carte blanche invite pendant 3 jours consécutifs les étudiants à entrer dans l’univers personnel d’un artiste invité ou d’un artiste-enseignant de l’école. En 2020, les encadrants énoncent trois sujets d’expérimentation. Ils concernent tous les notions de mémoire, de trace, d’effacement, de disparition ou de renouvellement plus ou moins visibles des paysages urbains ou des lieux de lisières. Olivier Marty propose à une quinzaine d’étudiants d’aborder cette notion d’effacement / recouvrement au moyen d’une production picturale ou photographique, d’essence principalement abstraite. Les processus de travail, les formats et les techniques sont entièrement libres.
Encadrants : Samira Ahmadi-Ghotbi, Olivier Marty, Cynthia Walsh.
Travail de 3e année de la formation menant au Diplôme d’État de Paysagiste
Le projet de paysage exprime une démarche spécifique, un positionnement propre et ouvre le débat. Pour leur projet de fin d’études, qui fait l’objet d’une soutenance publique, les étudiants sont repartis en groupes thématiques ou selon des zones géographiques. Ce travail doit leur permettre de démontrer leur autonomie dans la démarche de conception de projets de paysage à toutes les échelles, de démontrer la dimension de recherche et de création dans leurs propositions, ainsi que leur compréhension des grands enjeux paysagers actuels et futurs. Le projet de fin d’études intègre différentes dimensions de la démarche de projet de paysage : les arts plastiques, la culture technique, les sciences humaines et la représentation.
Rattachée à l’école doctorale ABIES de l’Université Paris-Saclay et travaillant au sein du Larep, Eugénie Denarnaud a soutenu sa thèse de doctorat en sciences du paysage intitulée Le jardin porte-paysage : Rencontre des urbanités dans le détroit de Gibraltar (Tanger, Maroc). Transdisciplinaire par essence, son domaine de recherche embrasse aussi l’Art et l’Anthropologie.
Comment résumer votre thèse ?
L’objet de ma recherche a été l’étude du lien au vivant qu’ont les Tangérois dans un contexte urbain exponentiel. Ce lien passe par le jardinage informel et vernaculaire, qui est une forme de réinterprétation de la culture paysanne alentour du pays Jbala.
Pourquoi une thèse en paysage ?
Le paysage est une science jeune, dont l’élaboration théorique est en plein questionnement. Le propos de mon travail est d’articuler le terrain à la dimension intellectuelle qu’il requiert afin de comprendre quelles approches croisées permettent de convoquer cette notion.
Quelles ont été les spécificités de votre démarche ?
Ma démarche a été profondément ancrée au terrain. J’ai croisé approches anthropologique, géographique, et artistique. Ma méthodologie était basée sur la collecte de fragments qui, agencés les uns aux autres, ont permis de dresser un constat perceptif de ce qu’est le paysage de Tanger.
Et maintenant ?
Dans l’immédiat, je souhaite mobiliser le fonds plastique, qui m’a servi à élaborer ma thèse auquel je voudrais conférer le statut d’œuvre, et mêler ainsi recherche plastique et recherche paysagiste. Je travaille aussi sur la figure des détroits à travers le monde, comme lieux d’interconnexion à la fois globalisés et ultra-localisés, sur la méthodologie des sciences du paysage, ainsi que sur les villes émergentes en Méditerranée et le lien qu’elles ont avec une tradition jardinière et un attachement à l’environnement privilégié ou rompu. Ce, en m’intéressant notamment aux plantes compagnes au quotidien dans la vie des habitants.
Inscrite à CY Cergy Paris Université, Marie-Laure Garnier prépare un doctorat par le projet au sein du Larep dans le cadre de l’école doctorale Arts, Humanités, Sciences Sociales.
Quelle a été votre parcours avant de choisir la formation doctorale ?
Je suis diplômée de l’École nationale supérieure de paysage et de l’École normale supérieure de Paris, en Lettres. Mon apprentissage à la Ville de Paris, de 2013 à 2016, m’a permis de comprendre la relation du métabolisme urbain au paysage en réalisant une étude sur l’économie circulaire et les jardins publics. Après une expérience professionnelle en Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement, en Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement puis en agence, je suis retournée en 2019 à ma réflexion liant le métabolisme urbain et le grand paysage. C’était dans le cadre d’une année de préfiguration de la Chaire Terres et paysage et de l’exposition Terres en mouvement, dont j’ai été co-commissaire et qui a été présentée à l’occasion de la première Biennale d’architecture et de paysage d’Ile-de-France.
Quel est le sujet de votre thèse ?
Terres mêlées, terres emmêlées. Repenser le cycle des terres inertes, du chantier d’excavation au projet de paysage, sous la direction de Patrick Moquay, Professeur et Directeur du Larep, et de Sylvie Salles, Professeure, avec le paysagiste Philippe Hilaire comme co-encadrant professionnel. Il s’agit pour moi de repenser le cycle des terres inertes de l’amont de leur production à l’aval de leur réception en analysant les conditions de leur mise en paysage.
Pourquoi une thèse par le projet ?
J’ai choisi de faire une thèse par le projet pour apporter une dimension réflexive au projet de paysage. Une thèse par le projet permet de répondre à des enjeux de société tout en gagnant en acuité de regard et de recul critique dans des domaines concrets, comme celui des terres inertes. Par ailleurs, je peux nourrir mon travail de recherche par une pratique d’enseignement en projets de paysage. J’ai par exemple récemment co-encadré un groupe d’étudiants de la formation menant au Diplôme d’État de Paysagiste lors de l’atelier Un parc dans la ville sous l’angle des mouvements de terre.
Quel a été votre parcours et pourquoi avoir choisi d’intégrer la formation menant au CESP ?
Après une formation initiale de 6 ans en sciences et techniques de la nature et de la terre, puis en aménagement et développement rural, débouchant sur le titre d’Eco-conseiller®, j’ai exercé au CAUE 05, en bureau d’études, dans des associations de citoyens et d’élus, en Savoie en particulier, et aujourd’hui à l’Agence régionale de l’énergie et de l’environnement d’Auvergne-Rhône-Alpes. Après 25 années d’expérience professionnelle, le CESP a concrétisé mon souhait de reconnecter travaux professionnels et activités personnelles de nature et d’art graphique.
Qu’est-ce qui vous a le plus marquée pendant la formation ?
J’ai trouvé pendant cette année un formidable espace d’expression et d’échange. L’enseignement renforce l’écoute de nos émotions et de notre intuition, comme un véritable outil de compréhension et de conception. Cette année m’a redonné de la confiance et du sens à mon engagement professionnel. Le projet le plus abouti sur lequel j’ai travaillé a été celui du workshop Waterscape organisé en partenariat avec l’Escola Tècnica Superior d’Arquitectura de Barcelona. Après une semaine à Barcelone, notre groupe de trois personnes, entouré de la bienveillance de nos encadrants, a eu un immense plaisir à concevoir le projet INTERLACE : un espace public reconnectant le quartier Cornella avec la rivière Llobregat, redonnant une place particulière à l’eau.
Et maintenant ?
En juin 2020, j’ai créé Parcours paysages (parcourspaysages.com), une microentreprise de conseil et d’éducation à l’environnement et au paysage, dont le cœur d’activité est la lecture de paysage comme levier pour modifier notre rapport à l’espace. Je propose aux bureaux d’études, aménageurs, artistes, … de les aider à comprendre et formuler les transformations spatiales d’hier et d’aujourd’hui pour imaginer les paysages de demain et à concevoir des outils « sensibles ». J’anime aussi des ateliers de lecture et d’expression paysagères en direction du grand public, en Val de Drôme en particulier, mais aussi pour des organismes de formation.
Quels ont été votre formation et parcours professionnel avant la VAE ? Qu’est-ce qui vous a décidée à présenter le DEP par la VAE ?
Je suis architecte diplômée de l’École d’architecture de Florence en Italie. Après une année d’expérience professionnelle dans des agences d’architecture et d’urbanisme à Rome, je me suis tournée vers la France, dont je commençais à connaître les pratiques et les enseignements du paysage. Mon objectif était de me rapprocher du métier de paysagiste et d’approfondir mes connaissances à travers l’expérimentation pratique du milieu professionnel. Après six années passées dans des agences de paysage à Paris, j’ai ressenti le besoin de me doter d’un espace de réflexion sur mon parcours, dont j’avais l’impression de ne plus avoir la maîtrise en raison du rythme et des délais de production imposés par le travail. L’expérience de la VAE répond à cette attente, en créant un moment de recul, nécessaire pour mesurer les distances et le temps parcouru et pour comprendre où je veux me diriger.
Comment s’est déroulé votre parcours de VAE, avez-vous été surprise du travail exigé ?
J’ai entrepris le parcours de VAE parallèlement à mon activité salariée à temps plein. Le travail exigé a demandé un engagement de temps et d’énergie, dont je n’avais plus l’habitude : de façon inattendue, cet exercice m’a obligée à sortir des réflexes de production professionnels pour élaborer un récit plus personnel.
Qu’est-ce que vous a apporté l’accompagnement personnalisé ?
L’accompagnement personnalisé m’a incitée à profiter du temps de réflexion nécessaire à la rédaction du dossier prévu pour le deuxième jury afin de questionner de manière plus approfondie mon parcours professionnel et pour clarifier ce qui m’intéresse. La présence d’un regard extérieur m’a aidée à prendre du recul sur mon parcours et à donner un caractère plus identitaire à l’organisation de mon argumentaire.
Qu’est-ce que la VAE a changé dans votre parcours professionnel et personnel ?
Le recul sur mon expérience m’a montré la nécessité de réorienter mon parcours vers des expériences professionnelles plus proches de mes intérêts. Il m’a, d’un côté, incitée à réévaluer le type de structures, d’initiatives et de projets dont je souhaitais faire partie et, de l’autre, il m’a permis d’officialiser mes compétences de paysagiste avec l’affirmation d’une nouvelle posture professionnelle.
Quel a été votre parcours avant d’intégrer la formation CCJP ?
J’ai commencé ma vie professionnelle comme chargée de production photo pour la presse magazine puis coordinatrice de projets d’édition et assistante photographe à Paris. J’ai intégré la formation CCJP en conservant mon activité en parallèle.
CCJP, pourquoi ?
La notion de paysage, ce qui le compose culturellement, socialement, les éléments qui nous permettent de le reconnaître en tant que tel et, à partir de là, les choix pour sa représentation étaient un vrai sujet de questionnement pour moi. Sont venus s’ajouter un véritable désir de travailler avec le vivant, d’inclure la dimension temporelle, de retrouver l’émotion d’être au jardin. J’ai alors décidé d’enrichir mon parcours en suivant des cours préparatoires aux concours d’entrée aux grandes écoles du paysage où j’ai pris connaissance de la formation CCJP. La formation de concepteur, à l’échelle du jardin, me semblait correspondre à mes attentes, couvrant les disciplines nécessaires à l’apprentissage théorique et technique du projet de conception de jardin dans le paysage sur un temps relativement court et avec une organisation me permettant de conserver mon activité professionnelle.
Qu’est-ce qui vous a le plus marquée pendant les deux années de formation ?
La formation nous permet d’acquérir la démarche de projet de concepteur de jardin et les outils de recherche et d’expression qui lui sont liés. Le rythme des rendus, le travail en atelier et les visites sur site nécessitent un réel engagement et offrent une véritable immersion dans la recherche et l’expression des projets. Une des richesses de la profession est la transversalité des compétences à convoquer à chaque projet et c’est ce que j’ai découvert ! Apprendre à croiser des données tangibles et sensibles. Plaisir jusqu’alors méconnu de lire les informations sur une carte topographique ou géologique, d’estimer la composition d’un sol, données que l’on croise avec l’analyse des dynamiques végétales en place, l’histoire du site, de son environnement et le programme du maître d’ouvrage. Toutes ces informations sont enrichies d’une approche sensible que l’on apprend à traduire et à exprimer par le texte et le dessin principalement. La diversité des intervenants, paysagistes concepteurs et architectes pour la plupart, et de leurs approches m’a apporté une véritable clef de lecture du jardin dans le paysage, indispensable à la démarche de projet.
Pouvez-vous décrire un projet qui vous a marquée?
Le projet de 2e année m’a beaucoup questionnée. Il concernait une ferme manoir du 16e siècle restaurée sur 4 ha d’herbage et située dans le bocage normand du Cotentin. Il interrogeait les notions et les rapports entre urbain et rural, l’évolution et les mutations de la ruralité. Les valeurs paysagère, patrimoniale, résidentielle et la fonction environnementale étaient à prendre en compte et à mesurer afin de restaurer la relation de la ferme de Franqueterre à son domaine.
Et maintenant ?
Concevoir des jardins !
Quel a été votre parcours avant d’intégrer la formation CCJP ?
J’ai travaillé comme directrice en agences de communication parisiennes pendant plus de 15 ans, étant diplômée en littérature et musique.
CCJP, pourquoi ?
Motivée par un métier créatif, stimulant, en prise avec les enjeux écologiques actuels, et intimement convaincue que la qualité paysagère de l’espace public ou privé, urbain ou rural, joue un rôle essentiel dans le bien-être social, physique et psychique, je me suis tournée vers la formation continue proposée par l’école.
Qu’est-ce qui vous a le plus marquée dans l’enseignement dispensé ?
La puissance de la démarche de projet, la liberté et la sensibilité de l’approche plastique, la qualité de l’analyse spatiale, ainsi que le niveau élevé des enseignements fondamentaux en dessin, histoire des jardins, techniques de projet et connaissance des végétaux, ont définitivement changé mon regard sur le monde !
Pouvez-vous décrire un projet sur lequel vous avez travaillé et qui vous a particulièrement marquée ?
Notre promotion a été lauréate de l’édition 2020 du Festival International des Jardins de Chaumont-sur-Loire (Retour à la Terre-mère), sur la base d’un projet manifeste, Jardiniers de l’invisible, qui s’attachait à montrer le sol, tant dans sa surexploitation agro-industrielle que dans sa richesse originelle.
Et maintenant ?
De beaux projets, pour des particuliers et des entreprises, en indépendante ou avec des talents associés !