À compter de la rentrée 2021, l’École nationale supérieure de paysage et ses partenaires de l’école universitaire de recherche Humanités, Création et Patrimoine ouvriront un nouveau parcours de master 2, le master Patrimoine et création par le projet, au sein de CY Cergy Paris Université. Ce parcours interdisciplinaire est destiné à des étudiants qui souhaitent allier recherche et pratique. Il s’adressera notamment aux étudiants ou professionnels qui envisagent de s’engager dans la réalisation d’une thèse par le projet, mais qui ont besoin pour cela d’un temps de maturation, d’approfondissement et de formalisation de leur projet scientifique personnel.
Rattachée à l’école doctorale ABIES de l’Université Paris-Saclay et travaillant au sein du Larep, Eugénie Denarnaud a soutenu sa thèse de doctorat en sciences du paysage intitulée Le jardin porte-paysage : Rencontre des urbanités dans le détroit de Gibraltar (Tanger, Maroc). Transdisciplinaire par essence, son domaine de recherche embrasse aussi l’Art et l’Anthropologie.
Comment résumer votre thèse ?
L’objet de ma recherche a été l’étude du lien au vivant qu’ont les Tangérois dans un contexte urbain exponentiel. Ce lien passe par le jardinage informel et vernaculaire, qui est une forme de réinterprétation de la culture paysanne alentour du pays Jbala.
Pourquoi une thèse en paysage ?
Le paysage est une science jeune, dont l’élaboration théorique est en plein questionnement. Le propos de mon travail est d’articuler le terrain à la dimension intellectuelle qu’il requiert afin de comprendre quelles approches croisées permettent de convoquer cette notion.
Quelles ont été les spécificités de votre démarche ?
Ma démarche a été profondément ancrée au terrain. J’ai croisé approches anthropologique, géographique, et artistique. Ma méthodologie était basée sur la collecte de fragments qui, agencés les uns aux autres, ont permis de dresser un constat perceptif de ce qu’est le paysage de Tanger.
Et maintenant ?
Dans l’immédiat, je souhaite mobiliser le fonds plastique, qui m’a servi à élaborer ma thèse auquel je voudrais conférer le statut d’œuvre, et mêler ainsi recherche plastique et recherche paysagiste. Je travaille aussi sur la figure des détroits à travers le monde, comme lieux d’interconnexion à la fois globalisés et ultra-localisés, sur la méthodologie des sciences du paysage, ainsi que sur les villes émergentes en Méditerranée et le lien qu’elles ont avec une tradition jardinière et un attachement à l’environnement privilégié ou rompu. Ce, en m’intéressant notamment aux plantes compagnes au quotidien dans la vie des habitants.
Inscrite à CY Cergy Paris Université, Marie-Laure Garnier prépare un doctorat par le projet au sein du Larep dans le cadre de l’école doctorale Arts, Humanités, Sciences Sociales.
Quelle a été votre parcours avant de choisir la formation doctorale ?
Je suis diplômée de l’École nationale supérieure de paysage et de l’École normale supérieure de Paris, en Lettres. Mon apprentissage à la Ville de Paris, de 2013 à 2016, m’a permis de comprendre la relation du métabolisme urbain au paysage en réalisant une étude sur l’économie circulaire et les jardins publics. Après une expérience professionnelle en Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement, en Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement puis en agence, je suis retournée en 2019 à ma réflexion liant le métabolisme urbain et le grand paysage. C’était dans le cadre d’une année de préfiguration de la Chaire Terres et paysage et de l’exposition Terres en mouvement, dont j’ai été co-commissaire et qui a été présentée à l’occasion de la première Biennale d’architecture et de paysage d’Ile-de-France.
Quel est le sujet de votre thèse ?
Terres mêlées, terres emmêlées. Repenser le cycle des terres inertes, du chantier d’excavation au projet de paysage, sous la direction de Patrick Moquay, Professeur et Directeur du Larep, et de Sylvie Salles, Professeure, avec le paysagiste Philippe Hilaire comme co-encadrant professionnel. Il s’agit pour moi de repenser le cycle des terres inertes de l’amont de leur production à l’aval de leur réception en analysant les conditions de leur mise en paysage.
Pourquoi une thèse par le projet ?
J’ai choisi de faire une thèse par le projet pour apporter une dimension réflexive au projet de paysage. Une thèse par le projet permet de répondre à des enjeux de société tout en gagnant en acuité de regard et de recul critique dans des domaines concrets, comme celui des terres inertes. Par ailleurs, je peux nourrir mon travail de recherche par une pratique d’enseignement en projets de paysage. J’ai par exemple récemment co-encadré un groupe d’étudiants de la formation menant au Diplôme d’État de Paysagiste lors de l’atelier Un parc dans la ville sous l’angle des mouvements de terre.