L’École nationale supérieure de paysage est le berceau historique de la formation des paysagistes concepteurs et un foyer de formation, de recherche et de création reconnu au plan international.
Face aux transitions sans précédent auxquelles nos sociétés et territoires sont confrontés, elle a pour vocation de former des professionnels capables, par le projet de paysage, de remettre le sol, le vivant, les ressources et, plus généralement, l’usage des espaces au coeur du débat et de l’action collective.
Enseignement pluridisciplinaire, ateliers, immersions sur le terrain, mobilités internationales, recherche, un réseau dense de partenaires publics et privés, mais aussi le cadre du Potager du Roi à Versailles, l’implantation à Marseille au coeur de l’Institut méditerranéen de la ville et des territoires, des événements, une résidence internationale, des éditions,… font de notre établissement un véritable écosystème où le projet de paysage trouve une dynamique toujours renouvelée.
Nous partageons ci-dessous une sélection d’images, qui donnent à voir les lieux que nous habitons, les espaces que nous cultivons et les territoires que nous explorons. Elles témoignent de la culture que nous transmettons comme des projets innovants que nous portons : à la manière d’une mosaïque, elles dessinent notre identité aujourd’hui. Tour d'horizon !
Créée au Potager du Roi, à Versailles, l’École nationale supérieure de paysage est forte d’une histoire liée à l’enseignement horticole et à une production agricole qui remonte au 17e siècle. Construit entre 1678 et 1683, le Potager du Roi est à l’origine consacré à la production pour la table royale, ainsi qu’à l’expérimentation de dizaines de variétés fruitières et légumières et à la formation de jardiniers spécialisés. Dès la fin du 18e siècle, il est choisi pour accueillir plusieurs établissements pédagogiques consacrés aux sciences agricoles, horticoles et au projet du paysage et des jardins. En 1874, il devient le jardin d’expérimentation et d’étude de l’École nationale d’horticulture, premier établissement français pour la formation d’ingénieurs horticoles et de paysagistes, dont est issue l’École nationale supérieure de paysage en 1976. Tandis que l’ouverture d’un site à Marseille en 1993 renforce le rayonnement de l’établissement en lui permettant de couvrir différents contextes territoriaux, la gestion du Potager du Roi lui revient après le départ de l’École nationale supérieure d’horticulture à Angers en 1995. Au début du 21e siècle, la conversion à l’agroécologie est engagée sur le site avec une évolution des pratiques culturales et l’expérimentation de nouvelles associations végétales. Ceci dans un profond respect des structures historiques qui font l’objet d’une restauration complète et inédite depuis plus de 100 ans.
Organisé en ouverture de la formation menant au Diplôme d’État de Paysagiste, le voyage inaugural révèle aux nouveaux étudiants la multiplicité et la complexité des processus et des acteurs qui « fabriquent » le paysage. Au travers de rencontres, lectures, présentations et exercices qui favorisent la cohésion du groupe et la construction d’une culture commune, il permet de relier une géographie à des activités humaines et de comprendre les interactions avec les milieux naturels.
Les ateliers de projet sont construits autour de situations pédagogiques associant pratique et théorie et permettant l’apport de connaissances et savoir-faire. Par exemple, l’atelier Un lieu dans la ville initie les étudiants à la démarche de projet de paysage : durant sept semaines, ils expérimentent différentes manières d’entrer dans le projet, de traduire le lieu choisi en intentions de transformation de l’espace. L’objectif est de comprendre que le regard paysagiste porté sur un lieu est orienté par leur sensibilité et leurs choix. En cela, il est porteur de projet.
Le rapport au socle, aux proportions, au vivant, qui tient une place fondamentale dans le projet de paysage, auquel s’ajoutent les questions relatives aux ressources, au climat, aux différents milieux, qu’ils soient naturels, agricoles, forestiers ou urbains,… s’appréhendent à l’occasion des enseignements en écologie. Ceux-ci ouvrent un large champ de savoirs dans les sciences de la vie et de la terre et proposent une pratique active du terrain au travers d’excursions, récoltes, relevés, échantillonnages, croquis, divers chantiers et activités de jardinage.
Gravures, dessins, aquarelles, ouvrages sur l’art des jardins datés du 17e siècle jusqu’à nos jours, traités sur les plantations urbaines de la fin du 19e et au-delà, cartes, photographies, plaques de verre, archives de paysagistes contemporains et de l’enseignement du projet de paysage… Le fonds ancien, les archives et les collections de l’École nationale supérieure de paysage, membre du Network of European Landscape Architecture Archives, réunissent des sources et des formats variés qui témoignent de quatre siècles d’histoire des jardins et du paysage et constituent un support d’enseignement et de recherche exceptionnel.
Le paysage de la montagne est un tableau en mouvement, un territoire qui s’appréhende sur le temps long et à une échelle grandiose. Parce qu’elle permet d’aborder les enjeux de l’aménagement en milieu rural et de découvrir les adaptations et les innovations des hommes face aux aléas de son milieu, la montagne fait l’objet d’un atelier dédié dans le cursus proposé sur le site de Marseille. Les esquisses des étudiants ne manquent jamais de susciter le débat lors des présentations publiques organisées avec les partenaires et les acteurs du territoire puisque ce sont les paysages de demain, ceux issus de l’adaptation au changement climatique, qui, par le trait du dessin, se profilent sur les cimaises.
L’atelier Sur le vif est un exercice de captation d’un réel singulier. À mi-chemin de leur parcours, les étudiants en savent beaucoup pour représenter le paysage. Ils peuvent donc prendre des risques, manipuler différemment leurs outils, en inviter d’autres. Et charger leur regard d’intentions nouvelles, plus fines. Emboîtement d’échelles et fabrication du dépaysement : véritable île à l’intérieur d’un parc urbain, les grandes serres du jardin des Plantes ont été choisies par exemple pour un exercice. Toujours guidés par le plaisir de l’observation et de la représentation, les étudiants y ont exploré le monde végétal en cherchant ce qui se joue entre son apparence physique (ici, gigantesque et spectaculaire) et sa présence imperceptible (le silence des plantes).
Pour leur projet de fin d’études, qui fait l’objet d’une soutenance publique, les étudiants sont répartis en groupes thématiques ou selon des zones géographiques. Parmi les thématiques figure le Risque. Qu’il s’agisse de risques naturels ou de risques artificiels liés aux activités humaines, le risque génère un paysage particulier qui attire et interpelle. Le paysage est alors une porte d’entrée majeure parce qu’il contient l’empreinte du risque, il en est l’écrin et parfois l’origine. Il en est la première image, la première figure territoriale. Or le paysagiste, dans sa démarche de projet, identifie, anticipe et parfois même pressent le risque. Un des enjeux de cette thématique est ainsi de comprendre et de résoudre le paradoxe de la soumission et de la préparation aux risques. Choisissant des zones, sites ou territoires, les étudiants élaborent des réponses avec l’ambition de dénouer des situations complexes : sites soumis aux risques naturels, sites écologiquement bouleversés, paysages sous tension ou paysages de guerre.
Organisée à mi-temps sur deux ans dans le cadre de la formation continue, Conception et création de jardin dans le paysage vise à l’apprentissage de la démarche et de la maîtrise d’œuvre du projet de conception de parcs et jardins. Elle peut se faire par capitalisation progressive et s’élargir à des modules optionnels. À la fin de leur parcours, les stagiaires présentent un projet personnel de conception élaboré selon quatre phases clés : diagnostic, esquisse, avant-projet et projet. Ce projet est construit à partir d’un site réel qui permet d’aborder les problématiques propres au jardin et son rapport au paysage. Il implique des maîtres d’ouvrage privés, parties prenantes, qui participent aux rendus au cours de l’année.
Créé en 1993, le Laboratoire de recherche en projets de paysage est une unité propre de recherche, qui réunit une équipe pluridisciplinaire d’une quarantaine de membres. Laboratoire d’accueil de deux écoles doctorales (ED ABIES de l’Université Paris-Saclay et ED AHSS de CY Cergy Paris Université), il développe deux axes de travail : la démarche du projet de paysage et l’analyse des pratiques paysagistes d’une part, et l’action publique en matière de paysage d’autre part. Des actions thématiques sont développées en partenariat avec les chaires de l’école et ses travaux de recherche nourrissent l’enseignement.
Depuis sa création en 2015, la Chaire Paysage et énergie fait de la question du paysage un enjeu et un outil au service de la transition énergétique. Dessiner de nouveaux paysages par les énergies renouvelables, reconvertir d’anciens sites de production fossile, marier la trame de transport énergétique à la trame paysagère et écologique, organiser qualitativement l’espace de la production et de la consommation, articuler les méthodes de conception des paysagistes et des énergéticiens dans la planification de la transition énergétique,… sont autant de perspectives qu’elle a pour ambition de tracer. La Chaire déploie un large programme de formation, de recherche et de création impliquant collectivités territoriales, acteurs des filières de l’énergie et paysagistes. Elle bénéficie du soutien du ministère de la Transition écologique, de l’ADEME, de RTE et de Boralex.
La fabrique de la ville est génératrice d’un volume considérable et croissant de terres inertes. Extraites du sol et du sous-sol, elles font l’objet d’opérations de stockage et de réemploi, à l’origine de nouveaux paysages. Avec le soutien du groupe ECT, la Chaire Terres et paysage propose de rentrer dans les coulisses de cette fabrique pour porter un regard renouvelé sur ces espaces de remblais, dont le paysagiste orchestre le mouvement et l’agencement. La reconstitution de la fertilité des sols et le projet de paysage comme démarche de remédiation au traitement des sites et sols pollués font également partie des axes de travail. Désimperméabilisation des sols urbains et lutte contre les risques d’inondation, renaturation des milieux aquatiques, restauration de la qualité de l’eau : le paysage peut être un moyen de bâtir des stratégies résilientes et de trouver la cohérence entre des exigences économiques, sociales et environnementales et des réponses sectorielles et techniques. La Chaire Eau et paysage propose d’explorer et faire évoluer pratiques et connaissances dans ce domaine en partenariat avec l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse.
Sur le territoire de la vallée de la Seine, à la fois d’intérêt national et monument naturel d’exception, l’État et les régions Normandie et Île-de-France ont mis en place un programme pluriannuel de développement économique, social et environnemental. Depuis 2015, avec l’appui de l’Agence d’urbanisme Le Havre – Estuaire de la Seine, l’École nationale supérieure de paysage accompagne cette dynamique par une démarche de sensibilisation et affirme la place du paysage comme moteur de projets de développement.
L’École nationale supérieure de paysage entretient quatorze accords de coopération et d’échanges internationaux, dont l’European Master in Landscape Architecture organisé sur deux ans avec quatre universités leaders dans la formation des paysagistes (Barcelone, Edimbourg, Amsterdam et Hanovre). Créée pour susciter les rencontres, amplifier les échanges et être un lieu de création et d’innovation, la Villa Le Nôtre développe par ailleurs un programme de résidences international ouvert à des concepteurs, des artistes, des chercheurs et des acteurs du paysage. Installée au Potager du Roi, elle offre la possibilité à ses résidents de conduire une production spécifique et originale en rapport avec le paysage, tout en favorisant les synergies avec les dispositifs de formation et de recherche présents sur le site.
Derrière ses hauts murs, le Potager du Roi n’est historiquement pas un jardin ouvert. D’un lieu spécialisé, fréquenté seulement par les jardiniers, étudiants, enseignants, professionnels et quelques privilégiés, il a progressivement été ouvert au grand public dans les années 1990. Travaillant en partenariat avec des structures publiques, privées, associatives et éducatives, l’École nationale supérieure de paysage développe sa politique des publics pour favoriser l’accessibilité de son site et permettre à chacun de se l’approprier.
Fruit d’une association avec Actes Sud, Les Carnets du paysage se sont imposés comme la principale revue française consacrée au paysage. Depuis 1998, la revue a publié plus de cinq cents articles décrivant le paysage à la fois comme une production sociale, un fait culturel, scientifique et artistique, et un univers de projets. Pluridisciplinaire, elle accueille des textes de paysagistes et d’architectes, d’artistes, d’historiens, de botanistes, de philosophes, d’écrivains, de géographes, sans volonté d’imposer une doctrine, mais en cherchant à installer les conditions d’un débat ouvert sur les enjeux paysagers, sociaux et écologiques contemporains.